Nous sommes
chez les Arlas.
Comme
dans tous les harems. chaque femme a son gynécée.
Il est réduit. ici. à un simple gourbi.
L'intérieur est tapissé de fines vanneries,
le sol est recouvert de tapis de chameaux.
Pour accueillir une nouvelle mariée, l'époux
doit lui préparer un gynécée semblable à celui
de ses autres femmes. Gare à lui s'il enfreint
la coutume : criailleries, disputes, batailles
même viendront troubler son repos. La jeune
épousée apportera tapis et vanneries qui garniront
l'intérieur. C'est par le luxe ou la médiocrité
de cet apport que le tribunal des concubines
jugera si elle doit être respectée ou méprisée.
Aussi, il faut voir avec quels soins les jeunes
filles préparent toutes ces vanneries. |
|
"
Les trois femmes de Dirané Moussa n'éprouvent-elles
pas une pointe de jalousie à l' égard de l'intruse
qui vient ce soir ? dis-je à Boeuh Robleh.
-
Oh!non. Dirané est un bon mari. Il sait les usages.
Avant de partir, il a pris la précaution de leur
distribuer des cadeaux et de leur donner des vêtements
neufs. "
Je
visite le gynécée de la future épouse. Il faut
se courber pour y pénétrer, et on ne peut s'y
tenir debout tant il est bas. C'est une hutte
de six tapis soutenus par une dizaine de bâtons,
fichés au sol, terminés en forme de crosse et
maintenus par des lianes. De l'encens y brûle
en permanence et me suffoque. Je remarque dans
un coin, outre les jarres d'eau, deux calebasses
pleines de beurre.
"
A quoi sert ce beurre ? Est-ce encore pour conjurer
un mauvais sort quelconque ?
-
Non! répond Boeuh Robleh en riant. Lorsque les
invités partiront, les deux époux s'enduiront
le corps de ce beurre avant de se coucher. "
Mes
narines d'Occidental frémissent. Je reste encore
plus éberlué, lorsque Boeuh Robleh ajoute :
"
Lorsque le beurre est en quantité insuffisante,
la vieille qui reste avec eux leur en apporte
d'autre.
-
Comment, il y a une vieille qui reste avec eux
?
- Mais oui! N'oublie pas
que nos filles sont infibulées....
- Alors ?
-
Alors... si le mari n'est pas assez vigoureux...
eh bien, c'est la vieille qui avec un petit couteau
découd l'épousée. " Au loin éclatent des
" yous-yous " dont la rumeur s'enfle
et se rapproche.
"
C'est le cortège des ravisseurs qui arrive, annonce
Boeuh Robleh. Écartons-nous. "