C'est un lac
salé, on le nomme le lac Assai ou plutôt
le Bahr-el-Assal, la mer de miel, suivant
l'expression indigène.
Il
est situé à 18 kilomètres environ du fond du
golfe de Tadjourah. On y arrive en suivant un
sentier tourmenté, qui côtoie un volcan éteint
et chemine à travers la lave. D'une superficie
considérable, le lac est presque entièrement
desséché, et laisse à découvert des millions
de tonnes de sel dont l'extraction serait des
plus simples.
A
171 mètres au-dessus du niveau de la mer, l'eau
d'une densité excessive, très saumâtre, d'un
goût très amer, en rappelle celle de la mer
Morte.
Enfermé
par des montagnes abruptes, d'un aspect morne,
désolé, ce n'est pour ainsi dire, qu'un gigantesque
réservoir de sel, oublié sans doute par la mer,
lorsque commença le mouvement de recul, encore
sensible de nos jours, qui, avant les temps
historiques, en ramena les flots dans leurs
limites actuelles. Or, tout l'intérieur de l'Afrique
est dépourvu de cette' substance si essentielle
pourtant à , l'organisme humain, et le trafic
en constitue un des articles les plus recherchés
dans les transactions locales.
On
le rapporte de la côte en échange des produits
qui y ont été transportés, et, suivant la distance,
il finit même par acquérir une valeur telle
que les cristaux,- dans la plus grande partie
de l'Éthiopie, taillés en petits losanges, et
munis d'une estampille spéciale, en servent
de monnaie courante.
Sans
s'attacher aux autres, cette considération suffirait
pour justifier la création d'un chemin de fer.
qui fournirait aux négociants d'Obock, voire
même à l'État, la faculté de monopoliser l'exploitation
du lac Assal, à nous réservée par le traité
de 1862, et d'en jeter, à peu de frais, le produit
sur les marchés. de l'Éthiopie ou même des Indes
.
Les
vallées profondes des torrents, où serpentent
déjà les routes des caravanes, n'offriraient
pas plus de difficultés au trace de la voie
nouvelle, et la vapeur y permettrait, en plus,
ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, d'échapper
au pillage et aux attaques des Indigènes.
LES FRANÇAIS
A OBOCK
DENIS DE
RIVOYRE - 1895
