La
piste qui va de Tadjourah jusqu'à Obock mesure
cent kilomètres.
Heureusement,
elle n'est pas aussi mauvaise que celle qui s’en
va vers le lac AssaI. La région qu'elle traverse
est d'une sauvagerie moins affreuse. On y trouve
même quelque végétation et quelques habitants.
La
flore n'est guère ici représentée toutefois que
par de rares plantes grasses et piquantes, de
non moins rares épineux, et quelques acacias nains
déployés en forme de parasol. Cette maigre verdure,
spécialement celle des acacias, est particulièrement
goûtée, sans doute faute de mieux, par les chèvres
du crû, que nous voyons juchées dans la ramure,
comme chez nous les corbeaux, et broutant.
De
place en place, nous rencontrons une de ces tentes
faites de bois recourbés en arceaux et plantés
dans le sol, recouverts de nattes tressées à l'aide
de feuilles de palmiers douros découpées en lanières.Ces
nattes sont épinglées entre elles avec des épines.
Une
rangée de pierres, disposées tout autour de la
tente, consolide sa base, qui est de forme ovale,
et dont les dimensions ne dépassent guère deux
mètres sur quatre.
L'entrée
est minuscule, et il faut presque ramper pour
pénétrer à l'intérieur, où il est impossible de
se tenir debout, la hauteur oscillant généralement
entre un mètre et un mètre Clinquante.
On
le voit, les tentes danakil ne sont guère plus
spacieuses que celles qu'emportent sur leur dos,
chez nous, les jeunes gens amateurs de camping.
En
Somalie, ces tentes, très faciles et rapides,
elles aussi à monter et démonter, sont transportées
sur le dos des chameaux, avec le modeste mobilier
qui, lorsqu'elles sont dressées en encombre l’intérieur:
nattes, appuie-tête, outres en peaux de chèvres,
récipients en bois ou ,en vannerie, calebasses
et pilons...
GAETAN
FOUQUET Mer
Rouge1946
